Charlie Hebdo : pourquoi des dessinateurs de presse ont-ils été assassinés ?
Ce mercredi 7 janvier est un jour noir pour la presse et la démocratie françaises. Deux hommes ont attaqué les locaux du journal satirique Charlie Hebdo avant de prendre la fuite. À l’heure où j’écris ces lignes le bilan est de 12 morts, une vingtaine de personnes sont blessées dont certaines très grièvement. Parmi les victimes de cette attaque terroriste, deux policiers, quatre dessinateurs (Charb, Cabu, Tignous et Wolinsky) et le journaliste Bernard Maris. Même si cela est difficilement imaginable, des hommes sont morts pour des dessins en France.
Comprendre : quelques éléments d’explication
Charlie Hebdo est un journal satirique où travaille des caricaturistes.
C’est quoi un journal satirique ?
La presse satirique utilise la satire comme moyen d’expression et d’information. C’est souvent par le biais des dessins et des caricatures qu’un journal satirique tourne en ridicule quelqu’un ou quelque chose.
Que fait un caricaturiste ?
Le but du dessinateur de presse est passionnant : avec un angle de vue et un trait d’humour, il faut commenter le plus simplement du monde une actualité parfois complexe. Pour l’Iranienne Firoozeh Mozaffari, « un caricaturiste est un journaliste qui sait dessiner ». Un caricaturiste, c’est aussi quelqu’un qui provoque puisque ses dessins dérangent. Comme le montre le film « Caricaturistes, les fantassins de la démocratie », les dessinateurs de presse « défendent la démocratie en s’amusant, avec, comme seule arme, un crayon, au risque de leurs vies. »
Source ICI
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Les parents doivent-ils revenir sur la tragédie qui s’est déroulée dans les locaux de Charlie Hebdo avec leurs enfants, même s’ils sont petits ?
Claude Halmos, psychanalyste : Oui, car aujourd’hui, avant la minute de silence, on va leur parler de ce qui s’est passé. Dans la cour de l’école, ils en discuteront sûrement ensemble et certains d’eux ont pu aussi voir des images de ce drame. Le sujet ne doit donc pas être tabou et il faut en parler aux enfants et répondre à leurs questions. Les parents doivent d’abord les interroger pour savoir ce qu’ils savent de la tragédie et pourquoi ils pensent que c’est arrivé. Car les plus petits peuvent fantasmer sur des événements qui n’ont rien à voir avec cette tragédie. S’ils ont vu des images des suspects, il faut leur faire dessiner ce qu’ils ont perçu. Il faut ensuite leur dire que des personnes ont tué des journalistes qui défendaient la liberté. En leur expliquant que certaines personnes ne supportent pas que l’on ne pense pas la même chose qu’elles.
Le discours doit-il être différent avec les adolescents ?
Claude Halmos, psychanalyste : On peut leur parler de l’histoire, de la Shoah, du génocide rwandais. En expliquant que la barbarie a toujours existé. Et à quel point il faut défendre la démocratie et la liberté de penser. Ce drame doit aussi être un moment d’instruction civique.
Faut-il essayer garder une certaine distance par rapport à l’événement ou peut-on en parler avec émotion ?
Claude Halmos, psychanalyste : Les parents doivent s’exprimer avec leurs mots et n’ont pas à craindre l’émotion. C’est parce qu’on va pleurer que l’enfant va comprendre que cette tragédie est inhumaine. Il faut lui montrer que la majorité des Français ne sont pas d’accord avec les terroristes et à quel point ils se mobilisent pour qu’une telle tragédie ne recommence pas.
Comment éviter que les enfants musulmans se sentent stigmatisés ?
Claude Halmos, psychanalyste : Il faut leur expliquer que ces terroristes dévoient leur religion. Et que chaque religion a ses fanatiques. Ce n’est pas l’apanage de l’islam.
Faut-il aller aux manifestations en hommage aux victimes avec les enfants ce week-end ?
Claude Halmos, psychanalyste : On peut faire un bout de manifestation avec eux ou, au moins, leur montrer la mobilisation à la télévision. Cela leur permettra d’exprimer leur solidarité, ce qui a du sens. Il faut néanmoins faire attention aux plus petits car des débordements peuvent parfois avoir lieu lors de manifestations.
Comment faire en sorte que les enfants ne soient pas effrayés par la menace terroriste ?
Claude Halmos, psychanalyste : On ne peut pas éviter qu’ils aient peur, car nous avons peur nous-même. Il faut d’abord les écouter et leur dire que la police est mobilisée pour que ce type d’événement ne se renouvelle pas.
Source : ICI
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